Le diable et le désert – Première partie – Le diable

Qui est le diable?

Alors Jésus fut conduit par l’Esprit au désert pour être tenté par le diable. (Matthieu 4,1)

Certains l’imaginent avec une queue, des cornes et une longue fourche.

Un "bon petit diable"
Un « bon petit diable »

Les clichés ont la vie dure. Mais quel mot grec l’apôtre utilise-t-il pour ‘le diable’? ‘Diabolos’ (του διαβολου, tou diabolou), qui signifie ‘ce qui nous divise, ce qui inspire la haine et l’envie’ et qui pourrait être traduit par l’hébreu חַמְדָנוּת; τη διαβολη, teh diaboleh, au féminin, signifie ‘division, querelle, inimitié’, en hébreu: סִכְסוּךְ; ‘Accusation, fondée ou fausse; calomnie’ (הוֹצָאֵת־דִיבָּה, הַבָּאַת־דִיבָּּה). Autrement dit, qui donc a tenté Jésus, sinon Jésus lui-même, la partie de lui que la tradition hébraïque appelle le yetzer ha-ra יֵצֶר הרע, le ‘mauvais penchant de l’homme’, celui dont il est dit:

Le penchant du cœur de l’homme est porté vers le mal dès sa jeunesse (Genèse 8, 21)

‘Le diable’  est à l’intérieur de chacun de nous

Sachant cela, ‘le diable’ n’est donc pas quelqu’un d’extérieur à soi, mais il est à l’intérieur de chacun de nous.

אֵיזֶהוּ גִּבּוֹר? הַכּוֹבֵשׁ אֶת יִצְרוֹ

‘Qui est considéré comme un héros? C’est quelqu’un qui peut surmonter son mauvais penchant.’ (Pirquei Avot 4, 1).

Il est effectivement bien plus difficile de se vaincre soi-même, de contenir sa colère, de contrôler sa haine, ses désirs, ses caprices, que de conquérir le monde.

‘Un vieux Cherokee dit à son petit-fils: Mon fils, il y a un combat entre deux loups en chacun de nous. L’un est le Mal. C’est la colère, la jalousie, le ressentiment, l’infériorité, le mensonge et l’ego.

L’autre est le Bien. C’est la joie, la paix, l’amour, l’espoir, l’humilité, la bonté et la vérité.

Le garçon réfléchit et demanda: ‘Grand-père, lequel des loups gagne ?’ Le vieil homme répondit calmement : ‘Celui que tu nourris.[1]

Le vieil homme veut faire comprendre que c’est dans nos pensées, dans notre for intérieur que se trouve le vrai combat.

Aucun doute : ‘le diable’ est en nous.

Jésus vainc son ‘diable intérieur’

Jésus a apparemment nourri ‘son bon loup’ et a réussi son examen. Par ses tentations, nous pouvons retrouver les mauvaises tendances contre lesquelles Jésus a dû lutter dans sa jeunesse, avant de devenir darshan, prédicateur:

*Contre la convoitise (qui suppose que dans sa jeunesse il aimait la bonne chère, qu’il aimait manger sans réfléchir, et qu’il ne mangeait pas pour vivre, mais vivait pour manger):

Mais il répondit: Il est écrit: L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de l’Eternel. (Matthieu 4, 4).

Jésus cite ce verset du Deutéronome:

Il t’a humilié, il t’a fait souffrir de la faim, et il t’a nourri de la manne, que tu ne connaissais pas et que n’avaient pas connue tes pères, afin de t’apprendre que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de l’Éternel. (Deutéronome 8, 3).

*Trop de confiance en soi. Le mauvais penchant de Jésus, dans sa jeunesse, est de se vanter.

…et il lui dit : Si tu es Fils du Seigneur, jette-toi en bas; car il est écrit : Il ordonnera à ses envoyés de te garder dans toutes tes voies, et ils te porteront sur les mains, afin que ton pied ne heurte pas une pierre. (Matthieu 4, 6)

Le Psaume 91 rend hommage à celui qui sait placer sa confiance en Dieu et trouver refuge en lui. Le ‘mauvais penchant’ de Jésus s’appuie sur ce psaume pour le tenter:

Il ordonne à ses envoyés de te garder dans toutes tes voies, et ils te porteront sur les mains, afin que ton pied ne heurte pas une pierre. (Psaume 91, 11-12).

Mais Jésus répond par un autre verset condamnant les actes prémédités:

Jésus lui dit encore: Il est écrit: Tu ne tenteras point l’Eternel ton Seigneur. (Matthieu 4, 7)

En effet, il est écrit:

Vous ne tenterez point l’Éternel, votre Dieu, comme vous l’avez tenté à Massa. (Deutéronome 6, 16)

La dernière tentation: l’orgueil

La ​​dernière tentation de Jésus, et la plus constante, concerne l’orgueil. Orgueil, envie… Son ‘mauvais penchant’ lui propose de dominer tous les royaumes du monde, ni plus ni moins. Comme s’il possédait le monde, comme s’il ignorait que le monde et tout ce qu’il contient appartiennent à l’Eternel!:

Psaume de David. À l’Éternel la terre et ce qu’elle contient, le monde et ceux qui l’habitent. (Psaume 24, 1)

Cette dernière tentation rappelle celle du serpent dans le jardin d’Éden:

L’Eternel sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le Bien et le Mal. (Genèse 3, 5).

Il s’agit de la tentation de dominer le monde à l’égal de l’Eternel, à laquelle ni Adam ni Ève n’avaient résisté.

Comme le diable, le serpent représente leur cœur, leur tendance au mal. Adam et Ève ont choisi de céder à leur penchant au mal plutôt que d’obéir à la voix de l’Eternel. Cette tentation rappelle également l’offre généreuse de l’Eternel à Moïse après l’épisode du veau d’or: le Seigneur dit à Moïse:

Maintenant, laisse-moi faire! Ma colère s’enflammera contre eux, je les consumerai, et je ferai de toi une grande nation. (Exode 32, 10)

Comme on le sait, Moïse choisit de décliner l’offre tentante, moins par amour pour Israël que par souci de la renommée du Seigneur parmi les nations:

Pourquoi les Égyptiens disent-ils: C’est pour le mal qu’il les a fait sortir, pour les exterminer sur les montagnes et pour les exterminer de la surface de la terre? Reviens de l’ardeur de ta colère, et repens-toi du mal fait à ton peuple. (Exode 32, 12)

Tout comme Moïse, Jésus résiste à la tentation illusoire de la domination du monde, car, comme nous l’avons vu, le monde et ce qu’il contient appartiennent à l’Eternel…

Alors Jésus lui dit : Va, Satan! Car il est écrit: Tu te prosterneras devant l’Eternel ton Seigneur, et tu le serviras lui seul.’ (Matthieu 4, 10)

Tel est d’ailleurs le commentaire de Jésus sur cette citation biblique:

Tu craindras l’Éternel, ton Seigneur, et tu le serviras, et tu jureras par son nom. (Deutéronome 6, 13).

Le but de Jésus

Tout au long de ce texte, le grec utilise le mot ‘diabolos’ qui signifie ‘diable’. Par contre, dans ce verset, Jésus, qui parle araméen, utilise un mot araméen transcrit tel quel en grec, et désigne sa propre propension au mal: σατανα, Satana, סַטָנָא, qui signifie ‘l’accusateur, le tentateur, le persécuteur, celui qui est contre quelque chose, quelqu’un, le calomniateur’. Jésus, en définitive, en tant que fils spirituel de Moïse, refuse la tentation illusoire de la domination du monde. De plus, Jésus répare en quelque sorte la faute d’Adam dans le jardin d’Éden qui a succombé à la tentation trompeuse du serpent, car il a obéi à la voix de l’Eternel, alors qu’Adam ne l’a pas écoutée; en cela, il a introduit le monde dans le culte étranger à l’Eternel. Le but de Jésus est de restaurer le culte du Seigneur des Hébreux, le Seigneur Créateur tel que les Hébreux se souviennent de lui, pour faire entendre sa Parole.

Après la tentation du 'diable', Jésus est servi par des anges (messagers) de Francesco Albani (l'Albane) 1578-1660
Après la tentation du ‘diable’, Jésus est servi par des anges (messagers) de Francesco Albani (l’Albane) 1578-1660

[1] Avec l’aimable autorisation de http://piccsy.com/ .

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