De la foi et de Jésus

 Jésus marche sur l’eau avec foi

La barque était loin de la terre, à une distance d’environ 185 m, ballottée par les vagues. Mais le vent était contraire. À l’aube, c’est-à-dire à la quatrième veille de la nuit [vers 4 h du matin], Jésus vint vers eux marchant sur l’eau. (Matthieu 14:24-25)

Il marche sur l’eau, mais est-ce un miracle ? Il s’agit bien d’une déviation de l’ordre naturel, qui résulte d’une mauvaise compréhension de l’événement. Et c’est très humain. Comment comprendre qu’il soit possible de marcher sur l’eau ?

Ceux qui ont déjà nagé dans la mer savent faire la planche pour flotter à la surface de la mer, le dos sur l’eau. Mais, avec seulement les pieds posés à la surface de l’eau ?

Impossible.

Incroyable.

C’est la foi.

Mais qu’est-ce que la foi?

Dans la Bible, on ne marche pas sur l’eau, comme Jésus l’a fait. Mais trois événements interpellent l’esprit.

Le premier est la séparation de la mer Rouge.

וַיֵּט מֹשֶׁה אֶת־יָדוֹ עַל־הַיָּם, וַיּוֹלֶךְ ה’ אֶת־הַיָּם בְּרוּחַ קָדִים עַזָּה כָּל־הַלַּיְלָה, וַיָּשֶׂם אֶת־הַיָּם לֶחָרָבָה; וַיִּבָּקְעוּ הַמָּיִם (שמות י »ד, כ »א)

Moïse étendit sa main sur la mer. L’Éternel refoula la mer par un vent d’est qui souffla avec violence toute la nuit. Il réduisit la mer en ruines, et les eaux se séparèrent. (Exode 14, 21)

Moïse étendit alors sa main tenant son bâton sur la mer pour la séparer. Il se trouvait du côté égyptien, à l’ouest de la mer Rouge. Or, le vent souffle de l’est. Et c’est de l’est que la mer se sépara, et non de l’ouest. C’est aussi un miracle accompli avec la foi.

En effet, les Hébreux chantent un cantique à l’Éternel et à Moïse, son serviteur :

וַיַּרְא יִשְׂרָאֵל אֶת־הַיָּד הַגְּדֹלָה, אֲשֶׁר עָשָׂה ה’ בְּמִצְרַיִם, וַיִּירְאוּ הָעָם אֶת-ה’; וַיַּאֲמִינוּ, בַּה’ וּבְמֹשֶׁה עַבְדּוֹ: (שמות י »ד, ל »א)

Israël vit la main puissante que l’Éternel avait exercée sur les Égyptiens, et le peuple craignit l’Éternel ; et ils crurent en l’Éternel et en Moïse, son serviteur. (Exode 14, 31)

Ce fut peut-être un rare moment de foi profonde de la part des Israélites. Après tout ce qu’ils avaient vu, toute la grandeur du Seigneur, ils laissaient encore le doute s’insinuer dans leur cœur.

וַיִּקְרָא שֵׁם הַמָּקוֹם, מַסָּה וּמְרִיבָה:  עַל־רִיב בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְעַל נַסֹּתָם אֶת־ה’ לֵאמֹר, הֲיֵשׁ ה’ בְּקִרְבֵּנוּ, אִם־אָיִן: (שמות י »ז, ז’)

Le nom de ce lieu fut Massa et Meriba : à cause des querelles des enfants d’Israël, et parce qu’ils tentèrent l’Éternel, en disant : L’Éternel est-il au milieu de nous ? Ou n’est-il pas au milieu de nous ? (Exode 17, 7)

Cela signifie que leur foi ne pénètre apparemment ni leur cœur ni leur esprit. Ils voient des miracles et des prodiges qui demeurent à l’extérieur d’eux-mêmes.

Une foi absolue : Changer l’ordre naturel des choses

La séparation de la mer Rouge exige une foi absolue. Il faut y entrer tout en étant absolument certain que la mer ne se refermera pas sur nous une fois au milieu, comme ce fut le cas pour les soldats égyptiens.

De plus, la séparation de la mer Rouge est un miracle qui change l’ordre naturel des choses. De même, le soleil et la lune qui s’arrêtent au moment du combat de Josué:

אָז יְדַבֵּר יְהוֹשֻׁעַ, לַה’, בְּיוֹם תֵּת ה’ אֶת־הָאֱמֹרִי לִפְנֵי בְּנֵי יִשְׂרָאֵל; וַיֹּאמֶר לְעֵינֵי יִשְׂרָאֵל, שֶׁמֶשׁ בְּגִבְעוֹן דּוֹם, וְיָרֵחַ, בְּעֵמֶק אַיָּלוֹן: וַיִּדֹּם הַשֶּׁמֶשׁ וְיָרֵחַ עָמָד, עַד־יִקֹּם גּוֹי אֹיְבָיו. הֲלֹא־הִיא כְתוּבָה, עַל-סֵפֶר הַיָּשָׁר; וַיַּעֲמֹד הַשֶּׁמֶשׁ בַּחֲצִי הַשָּׁמַיִם, וְלֹא-אָץ לָבוֹא כְּיוֹם תָּמִים: (יהושע י’, י »ב-י »ג)

Josué parla à l’Éternel, le jour où l’Éternel livra les Amoréens aux enfants d’Israël. Il dit en présence d’Israël : Que le soleil s’arrête à Gabaon, et la lune à la vallée d’Ayalon; et le soleil et la lune s’arrêtèrent jusqu’à ce que vienne la nation à bout de ses ennemis. N’est-ce pas écrit dans le livre de la droiture: ‘Et le soleil s’arrêta au milieu du ciel, et ne se hâta pas de décliner comme d’habitude’. (Josué 10, 12-13)

Josué demande, et l’Éternel arrête le soleil et la lune pendant un jour entier. Il semble que la foi de Josué, comme celle de Moïse, soit la foi complète et forte, le genre de foi que Jésus voulait inculquer à ses disciples. Pourquoi ? Parce qu’elle nous demande de tenir pour acquis que la mer se séparera, que le soleil et la lune s’arrêteront afin d’obtenir la victoire et le salut.

Et ainsi parla Jésus

Jésus leur dit : À cause de votre foi inébranlable. Mais je vous le dis, si vous avez de la foi comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne: ‘Transporte-toi d’ici jusque là-bas!’ et elle se transportera, et rien ne vous sera impossible. (Matthieu 17:20)

Jésus pensait sans doute à ce verset du livre de Job :

הַמַּעְתִּיק הָרִים, וְלֹא יָדָעוּ אֲשֶׁר הֲפָכָם בְּאַפּוֹ (איוב ט’, ה’)

Celui qui déplace les montagnes à l’improviste et les bouleverse dans sa colère. (Job 9:5)

Cette parabole fut racontée par nos Sages à propos de la possibilité de repentance accordée aux habitants de Sodome et Gomorrhe:

Rabbi Abba bar Kahana a dit : Cela enseigne que l’Eternel leur a ouvert une porte de repentance, comme il est dit:

אֵרְדָה־נָּא וְאֶרְאֶה, הַכְּצַעֲקָתָהּ הַבָּאָה אֵלַי עָשׂוּ כָּלָה; וְאִם־לֹא, אֵדָעָה: (בראשית י »ח, כ »א)

“je veux y descendre; je veux voir si, comme sa plainte qui est venue jusqu’à moi, ils se sont livrés aux derniers excès; si cela n’est pas, j’aviserai” (Genèse 18, 21).

« ‘Se livrer aux derniers excès’, c’est la dévastation. ‘et sinon, j’aviserai’, j’aviserai contre eux au jour du jugement, pour toujours… Voici ce qui est écrit (Job 9:5):

הַמַּעְתִּיק הָרִים, וְלֹא יָדָעוּ:

“Celui qui déplace les montagnes à l’improviste”

et enfin:

אֲשֶׁר הֲפָכָם בְּאַפּוֹ

“… et les bouleverse dans sa colère.” (Genèse Rabba 49, 6 sur Genèse 18, 21)

Jésus espérait peut-être que ses contemporains reviendraient à la raison et se repentiraient, en leur donnant l’occasion d’entrevoir les maux qui les attendaient… Faut-il en conclure que même si nous demandions à l’Eternel de déplacer des montagnes par la foi, et que les montagnes se déplacent effectivement, nous ne serions jamais certains que notre prière et notre foi en soient la cause, à moins qu’il ne s’agisse d’une coïncidence effrayante entre la puissance de la foi et les forces de la nature. Ainsi, il n’est même pas nécessaire de demander que des montagnes soient déplacées pour être sûrs de la puissance de la foi.

Nous pouvons donc conclure que Jésus était indigné contre ceux qui l’écoutaient, car ils étaient « de peu de foi » et avaient besoin de miracles et de prodiges pour renforcer leur foi, tout comme la génération sortie d’Égypte qui a fini par mourir dans le désert à cause de son manque de foi. Le problème reste le même: même s’ils constatent un renversement dans l’ordre de la nature, cela ne leur servira à rien et ils seront consumés par la peur et le doute, comme d’habitude, au lieu de réaliser qu’en tant que croyants, nous sommes un outil pour transmettre la parole de Dieu au monde. En d’autres termes, chacun de nous a le potentiel d’être prophète de Dieu, comme l’a demandé Moïse:

וַיֹּאמֶר לוֹ מֹשֶׁה… וּמִי יִתֵּן כָּל־עַם ה’, נְבִיאִים, כִּי־יִתֵּן ה’ אֶת־רוּחוֹ, עֲלֵיהֶם: (במדבר י »א, כ »ט)

« Moïse lui dit: … Pourvu que tout le peuple de l’Éternel devienne des prophètes et que l’Éternel mette son esprit sur eux » (Nombres 11:29).

Il est écrit:

מִי-אַתָּה הַר־הַגָּדוֹל לִפְנֵי זְרֻבָּבֶל, לְמִישֹׁר: (זכריה ד’:ז’)

« Qui es-tu, grande montagne, devant Zorobabel, tu es devenue une plaine » (Zacharie 4:7)

Apparemment, Jésus demande à ses disciples une foi semblable à celle de Zorobabel, car sa foi, selon le verset, pouvait transformer des montagnes en plaines. En effet, Zorobabel a construit le Temple après le retour à Sion. Il est raisonnable de supposer que Jésus demande à ses disciples de se préparer à entrer eux-mêmes dans la Maison du Seigneur, afin de circoncire leurs cœurs incirconcis et de recevoir la Torah en eux, qui sera une « Torah de chair » et non plus une « Torah de pierre » qui demeure hors de nous.

La foi des apôtres et les miracles

Les premiers apôtres le comprenaient bien, car ils accomplissaient eux aussi des miracles et des prodiges. Certains d’entre eux devinrent prophètes:

Ils étaient là depuis de nombreux jours, lorsqu’un prophète nommé Agabus descendit de Judée. Il vint chez nous, prit la ceinture qui était autour de la taille de Paul, se lia les pieds et les mains, et dit: « Ainsi parle le Saint-Esprit: L’homme à qui appartient cette ceinture, les Juifs le lieront de la même manière à Jérusalem et le livreront aux mains des païens. (Actes 21:10-11)

Et il en fut ainsi.

Foi et prophétie

Une question se pose au sujet de la prophétie. Puisque les prophètes en Israël n’étaient généralement pas entendus, comme Jérémie par exemple, et puisque Jésus lui-même a mis en garde contre les faux prophètes…

Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtement de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. (Matthieu 7, 15)

… Comment saurons-nous alors qu’un prophète est un vrai prophète, et non pas un faux prophète?

Simplement, chacun de nous sait qu’au bout du compte, il est seul avec lui-même. Avec son âme, avec son esprit. Et lui seul sait s’il est un faux prophète ou un vrai prophète, et pas seulement face à son miroir, mais surtout face à sa propre conscience.

הִגִּיד לְךָ אָדָם, מַה־טּוֹב; וּמָה־ה’ דּוֹרֵשׁ מִמְּךָ, כִּי אִם־עֲשׂוֹת מִשְׁפָּט וְאַהֲבַת חֶסֶד, וְהַצְנֵעַ לֶכֶת, עִם־אֱלֹהֶיךָ: (מיכה ו’, ח’)

Homme, on t’a dit ce qui est bien, ce que le Seigneur demande de toi: rien que de pratiquer la justice, d’aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Seigneur! (Michée 6:8).

Chacun doit se rappeler qu’il est seul, littéralement seul avec lui-même devant le Créateur du monde. La liberté de choix, qui est en réalité le devoir de choisir, soit toujours devant ses yeux:

הַעִדֹתִי בָכֶם הַיּוֹם, אֶת־הַשָּׁמַיִם וְאֶת־הָאָרֶץ הַחַיִּים וְהַמָּוֶת נָתַתִּי לְפָנֶיךָ, הַבְּרָכָה וְהַקְּלָלָה; וּבָחַרְתָּ, בַּחַיִּים לְמַעַן תִּחְיֶה, אַתָּה וְזַרְעֶךָ: לְאַהֲבָה אֶת־ה’ אֱלֹהֶיךָ, לִשְׁמֹעַ בְּקֹלוֹ וּלְדָבְקָה־בוֹ:  כִּי הוּא חַיֶּיךָ, וְאֹרֶךְ יָמֶיךָ לָשֶׁבֶת עַל־הָאֲדָמָה אֲשֶׁר נִשְׁבַּע ה’ לַאֲבֹתֶיךָ לְאַבְרָהָם לְיִצְחָק וּלְיַעֲקֹב, לָתֵת לָהֶם: (דברים ל’, י »ט-כ’)

J’en atteste sur vous, en ce jour, le ciel et la terre: j’ai placé devant toi la vie et la mort, le bonheur et la calamité; choisis la vie! Et tu vivras alors, toi et ta postérité. Aime l’Éternel, ton Dieu, écoute sa voix, reste-lui fidèle: c’est là la condition de ta vie et de ta longévité, c’est ainsi que tu te maintiendras dans le pays que l’Éternel a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob, de leur donner. (Deutéronome 30:19-20).

Alors, la prophétie du prophète Ésaïe s’accomplira pleinement:

לֹא־יָרֵעוּ וְלֹא־יַשְׁחִיתוּ, בְּכָל־הַר קָדְשִׁי:  כִּי־מָלְאָה הָאָרֶץ, דֵּעָה אֶת־ה’, כַּמַּיִם, לַיָּם מְכַסִּים (ישעיהו י »א, ט’)

Plus de méfaits, plus de violences sur toute ma sainte montagne; car la terre sera pleine de la connaissance de Dieu, comme l’eau abonde dans le lit des mers. (Isaïe 11:9)

Jésus: la foi qui soulève les montagnes. Source: Wikimedia Commons
Jésus: la foi qui soulève les montagnes. Source: Wikimedia Commons
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